Les douleurs articulaires et musculaires sont fréquentes et amènent de nombreuses personnes à prendre des anti-inflammatoires sur de longues périodes. Seulement voilà, loin de traiter le problème à la source, ces médicaments tendent bien souvent à occasionner d’autres soucis (maux de ventre notamment) et peuvent même accroitre le déséquilibre à l’origine de l’inflammation ! Pour sortir de cette spirale infernale, ne faudrait-il pas plutôt agir à l’origine du phénomène inflammatoire ? A ce titre, un nombre croissant d’études montrent qu’il existe des liens entre le système ostéo-articulaire et nos microbiotes buccal et intestinal. L’origine de vos douleurs de dos ou d’articulations se trouverait-il dans votre bouche ou votre ventre ?
Lisez la suite pour en savoir plus !
L’écosystème intestinal, le premier pilier de la santé ostéo-articulaire ?
L’écosystème intestinal est un triptyque constitué de la barrière intestinale, de la flore commensale (=micro-organismes peuplant l’intestin) et du système immunitaire.
Le Microbiote intestinal
Il représente environ 2,5 à 3 kg chez un adulte. Composé de bactéries, d’archées (organismes unicellulaires sans noyau, ancêtres des bactéries), de virus, de levures et moisissures. Il évolue tout au long de notre vie, voire presque au quotidien, en fonction de l’alimentation, de l’hygiène de vie, du stress, des médicaments ingérés, de la pollution extérieure…
La barrière intestinale
L’intestin a un rôle de barrière sélective. Il bloque l’entrée de bactéries nocives, toxines et autres indésirables mais permet l’absorption des nutriments issus de la digestion. Cela est assuré d’une part par une couche de cellules ou entérocytes accolées les unes aux autres et formant l’épithélium intestinal. D’autre part, par une couche de mucus qui tapisse l’intérieur de la paroi intestinale. Ce mucus permet aux bonnes bactéries (notamment Akkermansia Muciniphila) de se fixer, mais empêche les bactéries plus néfastes ou les levures de s’installer.
Il est à noter qu’environ 20% de la population ne serait pas sécrétrice de mucus ou aurait un mucus de mauvaise qualité, en lien avec une mutation du gène FUT2.
Le système immunitaire
Environ 70 à 80 % de notre système immunitaire est localisé ou se spécialise au niveau de l’intestin. C’est énorme ! Il existe une immunité locale, situé à même la barrière intestinale, et une immunité plus ‘mobile’ qui interagit constamment avec les micro-organismes se trouvant dans la lumière intestinale, via des récepteurs situés sur la paroi intestinale notamment.
Tout déséquilibre de la flore ou passage d’endotoxines à travers la barrière intestinale va venir impacter négativement le système immunitaire, générant généralement une sécrétion de molécules pro-inflammatoires (cytokines,…) par le système immunitaire.
Porosité intestinale : la porte d’entrée de douleurs rhumatismales chroniques
Un excès de perméabilité intestinale amène 2 conséquences. La première, c’est le passage d’endotoxines ou LPS dans le système sanguin et les cellules. Il s’agit de molécules situées sur la paroi de bactéries gram négatif. Ces endotoxines tendent à augmenter la sécrétion de médiateurs de l’inflammation par le système immunitaire. Elles sont donc responsables d’une inflammation à bas bruit ou de bas-grade.
De même, cet excès de porosité intestinale tendrait à laisser passer des peptides alimentaires (bout de protéines) encore insuffisamment digérés. Le corps les identifie comme des intrus et peut envoyer des anticorps de type immunoglobulines G ou IgG. Il y a alors formation de complexes immuns et, dans certains cas, une activation du reste du système immunitaire qui va venir détruire l’intrus. En se faisant, cela occasionne une inflammation localisée. Si ce complexe immun a migré au niveau d’une zone articulaire ou d’un tendon, cela va inflammer les tissus environnants. Le souci avec les aliments, c’est qu’on consomme souvent les mêmes…Et donc une inflammation ponctuelle et bénigne peut devenir chronique et très invalidante sur la durée…
Comment prévenir ou corriger cet « intestin poreux » ?
De nombreux facteurs impactent la perméabilité intestinale, en positif comme en négatif :
- Niveau médicaments, les plus problématiques sont les anti-inflammatoires non stéroïdiens, les opiacés, les inhibiteurs de pompe à proton (au-delà de quelques semaines), certains antibiotiques et antidépresseurs.
- Niveau aliments : le gluten moderne (blé, seigle, orge, épeautre ou grand-épeautre) augmente la perméabilité intestinale chez tout le monde, même hors maladie cœliaque. L’excès d’acides gras saturés et les acides gras trans (que l’on retrouve dans les aliments ultra-transformés et de nombreuses margarines), l’excès de sucre ou de sel peuvent aussi être problématiques.
A l’inverse, avoir une alimentation de type méditerranéenne ou flexitarienne, favoriser les fruits et légumes frais et bio, cuisiner à partir d’ingrédients bruts et complets et avoir une bonne hygiène de vie (pas de cigarette, alcool avec modération et plutôt vin rouge, sommeil suffisant, bonne gestion du stress et une pratique sportive régulière) favorisera une bonne perméabilité intestinale. Avoir une alimentation riche en fibres et bactéries vivantes, comme dans ce que vous pouvez trouver dans notre gamme de préparation de Basal Nutrition vous sera également bénéfique !
Génétique et microbiote, 2 facteurs favorisant la polyarthrite rhumatoïde ou la spondylarthrite
1-Polyarthrite rhumatoïde
La polyarthrite rhumatoïde est une affection auto-immune qui affecte ~1% de la population. On considère qu’elle est liée à une dysrégulation immunologique dans laquelle les lymphocytes T et B auto réactifs s’attaqueraient aux protéines de la membrane synoviale qui tapisse l’intérieur des articulations. Cette dysrégulation serait liée d’une part à un terrain génétique, d’autre part à des déclencheurs épigénétiques, dont le tabagisme et la composition du microbiote buccal et intestinal.
On a longtemps suspecté le lien entre microbiote buccal et polyarthrite rhumatoïde car la fréquence de périodontite sévère (chutes de dents) était plus importante chez les malades que dans la population saine. Depuis, les études ont permis de retrouver certaines bactéries typiques du microbiote buccal (Porphyromonas gingivalis, Prevotella intermedia,…) dans la synovie des personnes atteintes de polyarthrite rhumatoïde1.
Plus récemment, les études ont montré des anomalies du microbiote intestinal chez les personnes souffrant de cette maladie. Par exemple, il semblerait qu’il y ait un excès de Prevotella Copri et de certaines espèces de Lactobacillus chez ces personnes. A noter que certaines souches de lactobacillus seraient au contraire bénéfiques !
Si ces découvertes semblent encore un peu trop incomplètes pour mener à des conseils précis, il n’en reste pas moins qu’en cas de prédisposition génétique familiale à cette maladie, il est fortement recommandé d’éviter de fumer. d’avoir une hygiène buccale impeccable et de prendre soin de son microbiote intestinal ! Vous trouverez bien entendu de nombreux conseils pour ce faire sur ce site, la première chose étant de commencer par des cures régulières de probiotiques comme ceux que vous trouvez dans la cure Harmony !
2-Spondylartrite
La spondylarthrite ankylosante est associée au gène HLA-B27. Comme toute chose, la génétique est modulée par des facteurs épigénétiques. Dans le cas de cette maladie, il a été démontré qu’une modulation du microbiote intestinal influençait l’apparition ou la sévérité de cette maladie. Une étude de selles a notamment montré un excès de bactéries réductrices de sulfates chez les malades. Mais les résultats sont encore trop peu nombreux pour en tirer de réelles conclusions. Le microbiote influant directement l’immunité, il est bien entendu toujours bénéfique de chouchouter sa flore intestinale !
Nous espérons que cet article vous aura ouvert de nouvelles portes de compréhension et vous amènera à vous intéresser encore plus au bien-être de votre ventre. Sentez-vous libre de nous transmettre vos remarques ou questions.
Autrice : Sabrina Marnet-Letellier, Nutrithérapeute https://sabirnamarnetletellier.fr
Sources :
1-P.Marteau , J.Doré et al., Le microbiote Intestinal – Un organe à part entière –Editions John Libbey Eurotext, 2017