Selon les données 2019 de Santé Publique France, la prévalence du surpoids était de 41,0% et 25,3%, respectivement, chez les hommes et les femmes. Celle de l’obésité était de 15,8% pour les hommes et de 15,6% pour les femmes1. Si une bonne partie des cas de surpoids peuvent être améliorés par une alimentation plus équilibrée et une activité physique modérée régulière, parfois ce n’est pas suffisant, voire inefficace. Certaines personnes continuent effectivement à être en surpoids malgré une alimentation saine et un apport calorique normal (voire inférieur aux besoins théoriques). Les causes explicatives peuvent se trouver du côté d’un déséquilibre thyroïdien mais également du côté de déséquilibres au niveau de l’écosystème intestinal. Cet écosystème intestinal comprend la barrière intestinale, la flore intestinale, ou microbiote, ainsi que le système immunitaire dont 70% se situe au niveau de l’intestin. Découvrez à travers cet article 3 liens méconnus entre le surpoids et cet écosystème intestinal ainsi que les moyens d’action à votre disposition.
Influence du microbiote dans le surpoids
Le microbiote intestinal est constitué d’un microbiote (ensemble de micro-organismes) dominant, d’un microbiote sous-dominant et d’un microbiote de passage. L'alimentation joue un rôle dans la santé de votre microbiote intestinal, et peut entrainer une situation de surpoids. Une partie de notre flore peut varier rapidement, d’une semaine à l’autre, en fonction de l’alimentation, du stress, du statut hormonal, de l’activité sportive, etc.,..., A côté de cela, une autre partie de nos bactéries est relativement stable et résiliente. Ce sont principalement les bactéries dont nous avons héritées à notre naissance ainsi que celles qui se sont installées lors des premières années de vie (les 1000 premiers jours notamment).
Tout cela fait que chaque microbiote est unique. Les progrès récents dans l’étude fine du microbiote permettent de lier certaines particularités du cette flore intestinale à des maladies ou certains déséquilibres. Notamment, 2 études récentes 2,3 ont permis d’observer que les personnes obèses avaient un profil de microbiote intestinal particulier.
Ces 2 études ont analysé le génome bactérien de 341 personnes parmi lesquelles 134 non obèses et 207 obèses. Un quart possède un microbiote « pauvre » en espèces bactériennes, 80% des individus obèses font partie de ce groupe. Ce groupe présente, qui plus est, un risque accru de diabète de type 2, de maladies cardiovasculaires…
Une autre étude portant sur des souris a également montré que si on ensemençait l’intestin d’une sourie dénuée de flore avec les selles d’une personne obèse, la souris prenait davantage de poids qu’une souris ensemencée avec les selles d’une personne de poids normal. Il y a bien un lien direct entre le microbiote et la prise de poids.
Il existe plusieurs raisons à cela et plusieurs mécanismes impliqués.
Nos bactéries se nourrissent de tous les nutriments qui n’ont pas été digérés dans la première partie de nos intestins, notamment des fibres dites fermentescibles. . Leur digestion par les bactéries produit des acides gras à chaine courte (butyrate, acétate, propionate). Ces acides gras constituent une source d’énergie pour notre corps et jouent également un rôle dans la régulation métabolique. Le microbiote intestinal intervient également dans le métabolisme des protéines et des lipides. Ainsi on distingue des microbiotes qui vont ‘extraire’ plus d’énergie (ou de calories) que d’autres pour une prise alimentaire identique.
Ainsi il semblerait que les flores relativement pauvres en bifidobactéries ont tendance à favoriser la prise de poids tandis que d’autres riches en bifidobactéries facilitent la dépense énergétique et donc la perte de poids4. D’autres chercheurs ont également constaté la raréfaction d’une espèce bactérienne, Akkermansia muciniphila, qui produit de l’acétate et du butyrate, chez des souris obèses et atteintes de diabète de type 2. L’abondance de cette bactérie semble d’ailleurs inversement proportionnelle au poids corporel, non seulement chez l’animal mais aussi chez l’être humain.
La production de ces acides gras à chaine courte (notamment l’acétate permet de moduler l’appétit via une action directe au niveau du cerveau. Par ailleurs, certaines espèces de bactéries peuvent stimuler la production d’hormones augmentant la satiété au niveau de l’estomac et de l’intestin, via des protéines messagères. On aurait donc une double action sur la modulation de l’appétit, à la fois par un rétrocontrôle au niveau du système digestif mais également au niveau central, par le cerveau.
Il existe enfin un neuromédiateur appelé sérotonine, qui influe directement sur notre humeur et sur notre envie de sucre. Ce composé est produit à la fois au niveau du cerveau et au niveau de l’intestin, à partir du tryptophane, un acide aminé provenant de notre alimentation. Les personnes constipées sont plus susceptibles de manquer de sérotonine (le tryptophane étant détourné vers la production d’autres composés), de même que les personnes ne consommant pas suffisamment de protéines ou stressées de manière chronique. En cas de manque de sérotonine, le corps « appelle » le sucre. Des compulsions sucrées se créent alors, notamment vers 16-17h.
Un microbiote appauvri, avec une diversité microbienne faible ou avec un excès de bactéries de type Gram négatif a tendance à augmenter l’inflammation locale au niveau de l’intestin et la porosité intestinale. Cette perméabilité intestinale accrue permet à des éléments indésirables (fragments d’aliments ou de microbes, toxines et endotoxines dont les lipopolysaccharides ou LPS) de franchir la barrière intestinale et gagner l’organisme. Cela conduit à une inflammation chronique à bas bruit, à une inflammation des cellules graisseuses et à la résistance à l’insuline. Le corps gère alors moins bien le sucre, il stocke davantage. Cette inflammation systémique tend à favoriser d’autres déséquilibres comme le diabète de type II ou encore les maladies cardiovasculaires.
Quels moyens simples à votre disposition pour favoriser la perte de poids ?
La diversité du microbiote est à l’image de votre diversité alimentaire. Celle-ci a drastiquement diminué ces dernières décennies à cause d’une alimentation uniformisée, de la disparition de nombreuses variétés anciennes pour des variétés plus résistantes ou permettant de gagner en productivité. Je vous recommande donc de diversifier autant que possible votre alimentation, par exemple en testant de nouveaux fruits et légumes (nouveaux ou du moins inhabituels pour vous). Vous trouverez de nombreuses alternatives au blé en magasin bio (millet, quinoa, teff, petit-épeautre, sorgho, fonio,…), ce qui permettra de changer des pâtes et de la semoule. En utilisant régulièrement des épices et des aromates, là encore vous apporterez également des composés bénéfiques à votre microbiote.
En résumé : plus vous mettrez de couleurs dans votre assiette, plus vous varierez vos repas (petit déjeuner inclus), plus votre flore et donc votre santé en bénéficieront.
2. Consommez davantage d’aliments riches en pré et probiotiques
Tandis que les prébiotiques favoriseront le développement de bifidobactéries voire des bactéries comme Akkermansia Muciniphila, les probiotiques permettrons d’ensemencer au quotidien votre flore intestinale de bactéries bénéfiques. La boisson concentrée en probiotique Opti’Biote est notamment riche en souches microbiotiques vivantes (Lactobacillus Rhamnosus, Lactobacillus paracasei et Bifidobacterium longum) scientifiquement sélectionnées pour soutenir et renforcer la flore intestinale. De même, les préparations pour pâtisserie de Basal Nutrition sont toutes riches en fibres complètes issues de céréales de qualité et en fibres prébiotiques.
Vous trouverez plus de détails sur les aliments riches en prébiotiques ou en probiotiques dans notre précédent article.
3. Corrigez votre perméabilité intestinale
L’excès de perméabilité intestinale est problématique à plusieurs niveaux. La bonne nouvelle, c’est que vous pouvez agir à ce niveau en modifiant votre hygiène de vie. La consommation d’aliments bio permet aussi de préserver un bon microbiote et limite les dégâts sur la perméabilité intestinale.
Comme vous avez pu le voir, il n’est pas forcément utile de parler de calories pour aborder le sujet de la perte de poids. C’est aussi par une alimentation positive, c’est-à-dire mettant à l’honneur des aliments utiles et bénéfiques, que les différences peuvent se percevoir…
Auteure : Sabrina Marnet-Letellier – Nutrithérapeute et consultante en nutrition-santé - https://sabrinamarnetletellier.fr/
Sources :
- https://www.santepubliquefrance.fr/docs/prevalence-du-surpoids-de-l-obesite-et-des-facteurs-de-risque-cardio-metaboliques-dans-la-cohorte-constances
- Cotillard et al., (2013), Nature, 500(7464):585-8
- Le Chatelier et al., (2013), Nature, 500(7464):541-6
- Delzenne, N. & Cani, P. (2009) Modulation nutritionnelle de la flore intestinale : une nouvelle approche diététique dans la prise en charge de l’obésité ? Cah Nutr Diet 44: 42-46