Le microbiote intestinal est aujourd’hui de mieux en mieux connu grâce à l’avancée des recherches et des techniques d’analyses. Les analyses récentes par PCR (amplification de l’ADN) a permis notamment de découvrir de nombreux micro-organismes inconnus jusqu’alors. Se pose alors la question de la constitution d’un microbiote intestinal sain ou équilibré. Qu’est-ce qui détermine un microbiote en dysbiose, c’est-à-dire en déséquilibre, d’un microbiote en eubiose, donc à l’équilibre ? Quels sont les outils à votre disposition pour savoir si votre flore intestinale est saine ?
Qu’est-ce qu’une dysbiose ?
Tout d’abord, savez-vous que le microbiote intestinal renferme environ 1013 bactéries, soit 10 fois le nombre de cellules de notre corps ? On considère d’ailleurs de plus en plus ce microbiote intestinal comme un organe à part entière. Cet écosystème intestinal est composé de bactéries, de levures, de moisissures, de virus, d’organismes unicellulaires anciens appelés archées. L’ensemble de cet écosystème évolue et fonctionne en interrelation (et interrelation avec l’hôte).
On parlera de dysbiose de la flore intestinale pour parler d’un déséquilibre des micro-organismes peuplant notre intestin. Ce déséquilibre peut affecter le nombre et la diversité des bactéries qui peuplent l’intestin. Cela peut également concerne un déséquilibre entre les différentes espèces ou types de micro-organismes.
Qu’est-ce qui peut déclencher un état de dysbiose ?
Le microbiote intestinal se met à en place majoritairement sur les 1000 premiers jours de vie. Cela commence donc dès la vie intra-utérine, s’amplifie à la naissance et se stabilise vers 3ans. On considère qu’à cet âge, le microbiote est assez proche de celui de l’adulte.
- L’alimentation de la mère pendant la grossesse,
- L’état des microbiotes intestinal, buccal et vaginal de la mère,
- Le mode d’accouchement : voie basse vs césarienne,
- L’alimentation du nouveau-né : allaitement maternel vs allaitement au lait infantile,
- La prise ou non d’antibiotiques ou de médicaments (le pire étant probablement la prise d’IPP ou inhibiteurs de pompe à proton comme l’Inexium® !) pendant la première année de vie,
- La diversification alimentaire et alimentation de l’enfant,
- Le niveau d’hygiène dans l’environnement immédiat ou, à contrario, présence importante de certains polluants.
Lorsque l’enfant grandit puis devient adulte, d’autres facteurs vont venir impacter l’équilibre de cette flore : prise d’antibiotiques u de médicaments, gastro-entérites, intoxications alimentaires, changements hormonaux majeurs (notamment puberté/grossesse/ménopause), changements de régimes alimentaires…. De manière générale, il existe quand même une certaine résilience de notre microbiote. Il possède effectivement une certaine capacité à pouvoir revenir seul à son état d’équilibre…ou à un nouvel état d’équilibre.
Chez la personne âgée, on voit une évolution importante du microbiote ainsi qu’un certain appauvrissement, en lien avec l’évolution physiologique de la personne. Bien souvent l’efficacité de mastication et de digestion diminue avec l’âge, la diversité alimentaire tend à diminuer, de même que les quantités ingérées (moins d’appétit) pouvant aller jusqu’à la malnutrition. La prise de nombreux médicaments n’arrange rien, au contraire.
En revanche, il est important de savoir qu’il n’existe pas UN microbiote intestinal sain et équilibré mais de très nombreux. En effet, une personne vivant en France aura une flore intestinale très différente de celle d’un japonais…tout en ayant l’un comme l’autre une flore parfaitement saine et équilibrée !
Les symptômes physiques d’un microbiote déséquilibré
S’il n’existe pas un modèle de microbiote en équilibre, comment savoir si j’ai une dysbiose ? La réponse est assez simple : il suffit d’écouter son corps !
Cela parait si simple…et pourtant de nombreuses personnes prêtent assez peu d’attention aux messages, aux symptômes, envoyés par leur corps. Voici donc ce qui peut vous guider et vous amener à vous occuper davantage de votre microbiote :
- Mon immunité est abaissée, j’attrape tout ce qui passe, ou au contraire mon corps sur-réagit à de plus en plus de choses (pollens, acariens, aliments),
- Je tolère mal ou réagit à plusieurs aliments (légumineuses, oignons, pain, sucre,…),
- Je ressens beaucoup de ballonnements ou j’émets beaucoup de gaz/flatulences,
- Mon transit est trop lent (constipation) ou trop rapide (diarrhées)…ou alterne entre les deux !
- J’ai des douleurs de ventre de manière régulière (l’extrême étant le syndrome de l’intestin irritable ou la ‘colopathie fonctionnelle’),
- J’ai une forte tendance aux mycoses et/ou aux cystites,
- Je souffre de fatigue chronique,
- J’ai une maladie métabolique : surpoids/obésité, diabètes de type II.
Des tests pour vérifier l’état du microbiote
Si vous avez répondu oui à un ou plus des items ci-dessus, alors vous souffrez surement d’une dysbiose intestinale. Même si ces symptômes sont présents chez vous depuis toujours (ou presque) ou que l’un de vos parents en souffrait aussi, cela n’est ni normal ni sain !
Si vous voulez maintenant aller plus loin et vérifier l’état de votre microbiote, il existe des tests plus ou moins poussés permettant d’apporter des éléments de réponse. Je vous recommande vivement de ne pas faire ces analyses, souvent non remboursées, juste pour la curiosité. Si vous le faites, assurez-vous avant de trouver un professionnel en nutrition (nutrithérapeute, micronutritionniste, médecin nutritionniste ou médecin en médecine intégrative) formé à leur interprétation et pouvant vous accompagner pour corriger ces déséquilibres. Cela vous permettra également d’être guidé dans le type de test à réaliser et ainsi d’éviter des dépenses inutiles.
1- Le MOU ou DMI : très utile pour identifier la présence d’une candidose, de moisissures ou un excès de certaines familles de bactéries
Ces analyses équivalentes ne sont pas remboursées et sont réalisées exclusivement par des laboratoires spécialisés en médecine fonctionnelle ou préventive. Le MOU (Métabolites Organiques Urinaires) est réalisé par le laboratoire Barbier tandis que le DMI (Dysbiose Mycose Intestinale) est proposé par le laboratoire Belge LIMS. Cela consiste à doser les métabolites organiques urinaires. En d’autres mots, ils dosent, dans les urines, les molécules libérées par les levures, moisissures ainsi que certaines bactéries de l’intestin. Pour identifier une candidose intestinale active, cela va être le moyen le plus fiable. On peut également voir s’il y a un excès de bactéries de fermentation (=digérant les sucres et les fibres) ou de putréfaction (=digérant les protéines).
2- Le test de microbiote métagénomique : pour une analyse en détail de votre flore
Les dernières années ont vues l’apparition d’analyses de microbiote de plus en plus précis. Les premiers tests, par coproculture, ne permettent de voir que 10% de la flore de notre colon, et encore, certaines espèces sont souvent surreprésentées. Il était donc difficile de s’y fier et surtout d’agir avec précision. Les techniques d’amplification de l’ADN et le décodage du génome bactérien permettent désormais d’avoir accès à beaucoup plus de détails concernant notre écosystème intestinal. On peut même se demander si parfois ce n’est même pas trop, surtout au regard des ‘outils’ actuellement à notre disposition pour agir de manière spécifique sur le manque ou l’excès de telle ou telle espèce bactérienne…
A ce jour, les laboratoires proposant des tests utilisant la métagénomique : NAHIBU, LUXIA Scientific, LIMS, le Pôle Nutrition Santé, les Laboratoires Réunis au Luxembourg (à noter que ces deux derniers laboratoires proposent une analyse mixte associant coproculture et analyse métagénomique)….
A noter que la liste n’est pas exhaustive et donnée à titre indicatif, en toute impartialité. Tous ces laboratoires sont bons, le choix dépendra plus de ce que vous recommandera votre thérapeute et de ce que vous recherchez. Ils n’analysent effectivement pas tous les mêmes bactéries.
3- La coproculture : une analyse plutôt à favoriser pour la recherche de parasites
Si elle a longtemps été le seul moyen d’analyser le microbiote, la coproculture, de par son principe même, ne permet pas d’avoir accès à toutes les bactéries et peut sur-représenter (ou sous-représenter) certaines espèces bactériennes. La coproculture est donc moins précise et moins complète que ce qui peut être obtenu par la méthode précédente. En revanche, en France et en Europe, cela reste encore le seul outil permettant de dépister la présence de certains parasites et bactéries pathogènes.
NB :Il n’y a qu’aux Etats-Unis que cette recherche est possible de manière beaucoup plus complète et précise par dosage ADN (métagénomique donc). Un seul laboratoire le propose à ma connaissance (Great Plains Laboratory) mais le coût est encore quelque peu dissuasif (plus de 500€) !
Agir de manière préventive ou curative sur son microbiote
Sans avoir besoin de réaliser une analyse de sa flore intestinale, il est possible de prendre soin de son microbiote au quotidien. Que ce soit par une alimentation peu transformée, riche en fibres ou en probiotiques, ou encore par une bonne hygiène de vie (gestion du stress, activité physique,…), vous avez les moyens de ‘cultiver’ une bonne flore.
A tout moment, si vous en sentez le besoin, une cure de probiotiques vivants tels que ceux proposés dans la Cures DIGESTY de basal Nutrition pourra venir compléter ce que vous menez au quotidien !
Sachez que la prise de probiotiques sous forme de compléments après un traitement antibiotique n’est pas toujours recommandée. Cela pourrait effectivement retarder le retour à l’équilibre naturel dans certains cas ! Si vous n’avez pas de soucis particulier pendant ou après votre traitement, abstenez-vous et restez-en à ce que vous trouverez dans votre alimentation.
Suite à cet article, pensez-vous souffrir de dysbiose intestinale ? Envoyez-nous vos commentaires !
Auteure : Sabrina Marnet-Letellier, Nutrithérapeute et consultante en nutrition-santé – https://sabrinamarnetletellier.fr/